OUVERTURE



Avant les architectes, l'intérêt que les artistes occidentaux ont porté au Japon, à partir du milieu du XIXeme siècle était d'importance. Et si cette attirance a été si grande, c'est qu'il ne leur avait pas été permis jusque là d'aborder facilement la culture de ce pays lointain, et que, découvert d'une façon soudaine, rétif à l'ouverture et resté entièrement indemne de l'industrialisation si chère aux occidentaux de l'époque, il faisait l'objet, certainement avant tout, d'une grande curiosité.

En mars 1854, le Japon, sous la pression des Américains, ouvrait deux de ses ports aux étrangers, après un isolement presque total de plus de deux cents ans. Le gouvernement shogunal des Tokugawa, en décidant, en 1641, du repli sur lui même de son pays, voulait le protéger de la propagation du Christianisme auquel il s'opposait, et surtout, en s'assurant le monopole des contacts avec l'étranger, confirmer son autorité auprès de l'Empereur. Les Hollandais, protestants, restaient les seuls occidentaux à avoir le droit de cité sur le territoire japonais. Pendant toute cette période, la compagnie hollandaise, basée et cantonnée à Décima, dans le port de Nagasaki, domaine appartenant au Shogun, était le seul lien, limité, entre le Japon et l'Occident.

Après l'entrée en force des Américains, les traités de paix, d'amitié et de commerce signés avec les Etats-Unis, puis avec les Pays-Bas, la Russie, la Grande-Bretagne et la France, en 1858, ouvraient la voie aux relations diplomatiques et commerciales. Bien que l'on opposait, alors, le Japon féodal au "Monde civilisé", les échanges allaient pouvoir commencer: la civilisation occidentale était autorisée à s'installer dans un pays qui acceptait les techniques nouvelles; et le Japon permettait aux occidentaux d'approcher une culture restée peu connue.

Le Japon a pu s'industrialiser très rapidement grâce aux nombreux ingénieurs et industriels venus d'Europe et des Etats-Unis, accompagnés par des professeurs dans tous les domaines, apporter leur savoir et leur savoir-faire. De plus, des missions d'étudiants japonais étaient envoyées à l'étranger, pour apprendre les techniques nouvelles.

Mais le Japon qui s'ouvrait au milieu du XIXeme siècle, n'était pas un pays qui avait stagné pendant deux cents ans; il avait suivi une évolution différente de celle de l'Occident. Si les Japonais, d'abord contraints, se sont ensuite "ouvertement ouverts" aux techniques modernes du monde occidental, les occidentaux, eux, se sont intéressés plutôt avec curiosité, au départ, à ce pays, avant que certains ne lui accordent un réel intérêt. Il a alors pris sa place dans la culture occidentale. Il s'est laissé exporter par tous ces voyageurs passionnés, qui partageaient leurs découvertes à leur retour, et devenaient de grands spécialistes reconnus. Par ailleurs, les expositions universelles, nombreuses et relativement localisées à cette époque, ont aussi largement contribué à faire connaître la culture de ce pays.

Tous ces échanges rendus possibles, n'ont pas eu la même portée: alors que les occidentaux se sont évertués à interpréter la culture d'un peuple qui les surprenait, le Japon, lui, a utilisé cette ouverture brutale comme un tremplin dans son processus de modernisation.
 
 

Perceptions du Japon

Les Pavillons japonais aux Expositions universelles